On signale en général que l’introduction des Mille et une nuits en Europe se fit en 1704, sous Louis XIV, grâce à la traduction de Galland, édition qui servit à une importante diffusion dans toute l’Europe et au début de l’engouement orientaliste.
Par contre, Vernet (un des traducteurs à l’espagnol) soutient que dans la culture hispanique on connaissait et appréciait cette œuvre depuis le XIII ème siècle.
Quant au monde arabe, certains auteurs soutiennent qu’on y considérait Les mille et une nuits comme une œuvre mineure et que ce fut l’invasion française par Napoléon qui fit voir dans le monde arabe l’importance que l’Europe conférait à cette oeuvre.
Pourtant, selon Abdelfattah Kilito (L’oeil et l’aiguille. Essais sur Les Mille et Une Nuits, 1992, réédition La Découverte, 2010) «cette compilation de récits anonymes ne remplit aucun des critères classiques de la littérature arabe : un style noble, un auteur précis et une forme fixe ; de plus, elle met en avant de nombreux particularismes et dialectes locaux, bien éloignés de l’horizon des lettres, ce qui laisse à penser que si Galland n’avait pas transmis cette mémoire, elle aurait disparu» (Wikipedia, vue le 30 avril 2019).
Nombreuses sont les analyses de cette oeuvre:
Borges et Les Mille et Une Nuits, Sobhi Habchi (Revue de littérature comparée, 2006)
«Borges, lecteur de Mille et Une Nuits, fait de ce chef-d’œuvre l’expression même du rêve qui anime toute son écriture : réaliser le livre infini, le livre absolu, faire que le poète, en un acte insensé et sublime, s’égale à Dieu».
De quelques nuits, André Miquel (Fata Morgana, 2001, 15 €)
«Miquel, professeur arabisant de renom, traducteur des Mille et une nuits choisit 8 contes emblématiques, en fait un commentaire érudit, et montre toute la richesse et la générosité de la civilisation arabe médiévale» (Librairie Ombres Blanches).
La féminisation du monde, Essai sur les Mille et Une Nuits, Malek Chebel (Payot, 1996)
«Pour le rendre supportable, les femmes ont dû fémniser le monde que les entourait en le racontant» (Interview dans www.persee.fr).
Le Secret des Mille et Une Nuits : l’inter-dit de Shéhérazade, Edgar Weber, (éd. Eché, 1987, épuisé; en numérique)
«Dans une société où la femme est à ce point interdite, pourquoi parle-t-on tant d’amour? Dans une tradition où la femme est avant tout mère, pourquoi est-elle ici amante? Et si ce recueil était la revanche du désir et du plaisir sur la loi et l’obéissance ?» (Librairie Ombres Blanches).